Histoire de corps

PROPOS RECUEILLIS PAR GABRIELLE LISA COLLARD

«Quand je pense à ma relation avec mon corps, je ne peux m’imaginer autre chose qu’une cage qui m’a empêchée de déployer mes ailes et d’être libre pendant trop longtemps. D’aussi loin que je me souvienne, ayant été l’enfant rond du groupe et de la fratrie, j’ai toujours été complexé par mon poids. J’ai rapidement appris à détester mon corps et à vouloir le changer pour entrer dans la norme esthétique. À vouloir «fitter» pour être aimé. Ayant subi plusieurs chirurgies esthétiques très tôt dans ma vie, j’ai fini par toucher le fond. Mon dédain de mon apparence avait pris le dessus sur moi. Mes rêves professionnels étaient sur la glace, ma vie amoureuse et sexuelle anémique, mes relations sociales envenimées par mon manque d’estime de moi… J’avais jeté l’éponge.

Cependant, à la fin de ma vingtaine, j’ai fait la rencontre de la Dre Stéphanie Léonard, l’instigatrice de Bien Avec Mon Corps. Elle m’a fait comprendre que j’étais malade et que cette maladie, et la distorsion de mon image corporelle qui en découlait, s’appelait l’hyperphagie. Enfin, on avait trouvé la clé de cette cage qui me gardait isolé du bonheur depuis si longtemps! Il ne me restait qu’à l’ouvrir et à sauter, ce qui semblait simple, mais qui s’est avéré être la chose la plus terrifiante que j’ai vécue. Durant plusieurs années, j’ai consulté (psychologue et thérapie chez ANEB) et appris à comprendre ce que je vivais, pourquoi je le vivais et surtout, à me pardonner.

Le pardon. C’était donc ça, le nom de cette clé que je cherchais depuis toujours.

J’ai appris à accepter ce corps que j’ai tant malmené, à honorer son histoire unique et, surtout, à le remercier de m’avoir permis de me rendre si loin avec lui. Rien n’est acquis. Bien que j’aie fait beaucoup de chemin, mon image corporelle, en plein apogée des réseaux sociaux, est constamment mise à l’épreuve. Et oui, parfois, je m’égare. Mon trouble alimentaire, dont je me considère aujourd’hui en rémission, revient parfois me hanter quand je suis vulnérable. Maintenant, j’ai les outils pour comprendre et traverser ce nuage gris avec la tête haute.

Maintenant que je me suis échappé de cette cage, je respire à pleins poumons, je réalise mon plein potentiel, j’aime et je suis aimé et, surtout, je carbure à la positivité et aux rêves. J’ai développé de l’empathie envers moi-même et les autres et j’ai appris à être indulgent et reconnaissant envers la vie. Je suis fier de ce que j’ai accompli et même si je suis conscient que toute ma vie se trouveront certains nids de poule sur ma route, je sais maintenant garder les mains sur le volant.»

Jordan Dupuis, 36 ans

Animateur et chroniqueur

@dupuisjordan

 

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