L’histoire de corps de… Ève Landry
PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-EVE DUSABLON
« Je m’appelle Ève Landry, eh oui, comme la comédienne. Je suis artiste littéraire et je travaille aussi en conception-rédaction publicitaire pour vivre. J’habite à Montréal depuis toujours.
Il y a quelques mois, j’ai décidé de publier une photo de mes plaques de psoriasis sur Instagram. Une publication qui a rejoint, à ma grande surprise, des centaines de personnes, et surtout, qui a fait du bien autour de moi.
Même si les réseaux sociaux demeurent pour ma part un outil communicationnel, c’était en fait une grosse pêche de validation. La pandémie a été très difficile pour mon mental et pour mon
corps. Le psoriasis est une maladie auto-immune déclenchée en partie par le stress.
J’habitais seule pendant la pandémie, je ne voyais personne.
Au-delà de voir sa famille ou ses amis, vous savez, il n’y avait donc plus les longs regards soutenus avec des inconnus dans l’autobus ou les sourires en coin dans la rue. Beaucoup moins de validation. Éventuellement, j’ai également eu des problèmes dans mon appartement, comme des punaises. Le gros bordel! J’ai donc vécu beaucoup de stress et des plaques sont apparues sur mon corps.
Ma confiance en moi était très basse.
J’ai dû apprendre à aimer ces plaques, et ça, c’est très difficile. Ce n’est pas seulement une question d’apparence, c’est aussi très douloureux. J’avais donc besoin de le partager, d’arrêter de vivre ce calvaire seule et d’en parler ouvertement à tout l’internet. Et, ça m’a fait du bien.
Pour vous raconter ma petite histoire, je fais de l’eczéma depuis que je suis bébé. Un dermatologue m’a confirmé que je faisais du psoriasis à l’âge de 12 ans. Un peu comme l’herpès buccal, le psoriasis vient en vague. J’ai donc eu tout au long de ma vie des poussées de plaques. Au début, j’utilisais des crèmes, ça allait relativement bien, sauf qu’un jour, mon corps a développé une résistance, et vers l’âge de 19-20 ans mes crises sont devenues
beaucoup plus intenses. J’ai fait une streptocoque et une allergie aux antibiotiques.
À ce moment, j’ai eu des plaques sur 80% de mon corps. C’était horrible! Je ne dormais plus, et le simple fait de porter des vêtements me faisait mal.
Pendant près de 2 ans, j’ai fait de la photothérapie. Un processus, qui ressemble un peu à une cabine de bronzage avec des rayons UVA UVB. Je devais m’y présenter trois fois par semaine. C’était un traitement hyper envahissant comme c’est le cas pour la plupart des traitements pour contrer le psoriasis.
Imaginez devoir mettre des crèmes tous les soirs. Ça ne semble pas envahissant de se mettre de la crème sur le corps…Mais pensez à toutes les fois où vous ne dormez pas à la maison, ça peut devenir très inconfortable à gérer et ÇA PREND DU TEMPS! Chaque soir, je passe 30 minutes dans ma salle de bain à me crémer, à m’enduire d’onguent et de cortisoïdes en tout genre. C’est fatiguant. Mais j’ai une bonne playlist pour me trouver chaude toute le long. Un grand merci à Beyoncé, Rihanna pis Ciara.
Des fois, j’ai le goût de pleurer.
Des fois, je me trouve pas chaude pour 2 cents.
Cette année, j’ai commencé un traitement par injection à la maison. Il neutralise une protéine dans mon système immunitaire. La magie a opéré et je n’ai plus aucune plaque!
Ce n’est pas facile d’accepter cette condition. J’ai porté des chandails à manches longues l’été, car je n’étais pas à l’aise. Je vous dirais que ce qui est le plus difficile, ce sont souvent les petits commentaires du genre : Est-ce que c’est contagieux? Ça vient gruger le jus de ton estime personnel.
Si tu fais du psoriasis, c’est correct de vouloir l’accepter, de ne pas vouloir entendre tous les conseils des autres, et aussi de vouloir faire les démarches pour ne pas en souffrir. C’est long de trouver un dermatologue, mais ça en vaut la peine. Profites aussi du soleil! C’est ton meilleur ami. »
ÈVE LANDRY, autrice de Grand Huit @lamaisonenfeu
25 ANS
INSTAGRAM : ÈVE LANDRY