L’histoire de corps de… Zoé
« Je me nomme Zoé Tremblay. Je suis comédienne et j’essaie de toucher à toutes formes d’arts vivants.
Mon implication auprès de l’organisme Maipoils a débuté en 2016. Ça faisait un an que mon amie comédienne Paméla Dumont avait lancé le mouvement dans le but de sensibiliser la population face à l’acceptation des poils féminins. À ce moment-là, j’étais moi même en pleine acception de mes poils. Son projet m’a donc immédiatement interpellé, et j’ai décidé de livrer un témoignage vidéo sur le sujet.
Maipoils, c’est quoi? C’est un noyau de bénévoles, qui organise avant le mois de mai une foule d’événements mettant en lumière l’acceptation des poils et la différence. Ça se transpose en douceur sur les réseaux sociaux et à des endroits où les gens peuvent discuter de la question en toute sécurité. On incite aussi la population à participer au défi ludique Maipoils, qui consiste à ne pas se raser tout au long du mois de mai. Tout le monde est invité à y aller à son rythme.
Au début de mon implication, je dois l’avouer, j’avais un peu peur de parler de mes poils au grand jour. Il y a certaines parties de mon corps avec lesquelles je me sentais plus à l’aise de garder mes poils que d’autres. Puis, au final lors de mon premier témoignage, la réaction a été super positive, beaucoup ont été très touchées par mes mots, ce qui m’a donné la force de continuer à m’impliquer dans le projet comme bénévole. J’essaie maintenant de présenter un témoignage par année ou du moins de réfléchir sur où j’en suis rendue par rapport à mes poils et l’acceptation de mon corps.
Pour moi, le poil a été la porte d’entrée dans mes réflexions féministes; d’avoir un espace pour pouvoir en parler et expérimenter, ça m’a ouvert les yeux. Chaque expérience est différente. Chaque personne vit différemment avec ses poils. Ce n’est pas tout le monde qui a les mêmes enjeux. Les personnes âgées ont des défis différents, les personnes à forte pilosité en ont d’autres, les personnes en quête ou en redéfinition identitaire quant à leur genre, etc. Pratiquement tous les jours, on peut faire face à des commentaires d’inconnus, à des regards…Le poil féminin alimente les débats! Tout ce qui déroge d’un type de féminité qu’on nous a inculqué dans les médias et l’histoire dérange. Maipoils m’a permis d’être moins rigide par rapport à certains standards.
Mais, ça n’a pas toujours été facile dans l’intimité. Il y a certains commentaires du genre: garder ses poils, c’est moins hygiénique ou c’est moins attirant, qui font mal.
Je peux comprendre, car on vient d’un monde, où nous n’avons jamais été exposé à ça! C’est donc normal que ça engendre des réactions. Même chez moi, c’est assez récent que je vis ma pilosité en me disant : qu’ils n’acceptent ou pas, ce n’est pas mon problème au même titre qu’un homme qui a le droit de garder ses poils sans jugement.
Je sens aussi que nos mentalités tendent à évoluer. Le poil au final, c’est tellement rien, c’est normal. C’est là pour une raison. Avec ton poil, tu vas plus sentir le monde autour de toi, le vent, tu vas être plus sensible. Il ne faut pas s’en faire, tout simplement de s’accepter et d’expérimenter.
Croyez moi : il ne faut pas s’en faire quant aux jugements des autres face à nous : tout simplement s’accepter et expérimenter »
ZOÉ TREMBLAY-BIANCO, 28 ANS