Histoire de corps
PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-EVE DUSABLON
« Je m’appelle Myranda Plourde, je suis comédienne, marionnettiste et cofondatrice d’un festival de lectures théâtrales, le Festival Mots de la Rive. Un événement annuel, qui se déroule dans ma belle région natale, le Bas-Saint-Laurent.
Pour ce court témoignage, j’avais envie de vous parler de mon acné. Ce trouble de la peau m’est apparu vers l’âge de 13-14 ans en pleine puberté. Un moment où la confiance en soi peut être facilement ébranlée… Et j’en étais d’ailleurs très complexée, car dans mon entourage, je me trouvais pratiquement la seule à en avoir autant. Je me suis donc rapidement comparée aux
autres et je me suis cachée derrière du fond de teint.
L’idée aussi de montrer cette peau imparfaite devant une scène me terrorisait. J’aimais être devant, chanter, danser, jouer et…SURTOUT ne pas afficher mon acné. C’est un peu
paradoxal, car les gens autour de moi n’ont jamais parlé dans mon dos à cause de mon acné.
Ça ne venait pas des autres, le complexe venait de moi. Je me suis infligé cette pression en raison des nombreuses attentes collectives.
L’image sociale de la femme nous l’indique: il n’y a pas de boutons! Quand tu es danseuse, chanteuse ou comédienne, tu as la peau lisse et parfaite. C’est le message que notre société nous envoie et il fallait que je l’atteigne. Je voulais correspondre à ces standards de beauté. Pour ce faire, il fallait que je les cache tout le temps. Je me maquillais même pour aller jouer au hockey! Ça n’a pas rapport. Je me mettais du maquillage, car je n’assumais pas une partie de moi tout simplement.
Au final, je ne suis jamais allée voir un dermatologue, car le maquillage m’a tout de même permis de me sentir belle et j’ai eu la chance que mon acné ne me procure aucune douleur physique. Mais, il y a des personnes qui en souffrent vraiment. Ils ne peuvent même pas mettre de la crème. Pour ma part, ce dilemme avec ma peau à toujours été d’ordre esthétique et un enjeu par rapport à mon estime personnel.
Aujourd’hui, il m’arrive encore d’avoir des épisodes d’acné autour de la bouche, mais encore une fois, je les camoufle. Quand je suis complètement démaquillée, on voit bien mes boutons et
mes cicatrices. Ça peut arriver quand je me sens moins en confiance de trouver ça plus difficile.
Et tu sais quoi? On a le droit par moment de trouver ça plus difficile. Il faut s’écouter. On a le droit de ne pas les camoufler avec du maquillage ou d’en mettre. Chacun ses choix.
Je pense, malgré tout, qu’il est important de se concentrer sur ce qu’on aime de notre corps ou notre visage quand on a une petite baisse de confiance. Il faut se valoriser avec autre chose, comme notre personne, nos cheveux, nos yeux, peu importe.
L’acné arrive et part. Elle ne définit pas une personne. T’es pas l’acné. Tu es une personne qui fait de l’acné avec plein de qualités.
Myranda Plourde, 26 ans
Comédienne, marionnettiste et cofondatrice du Festival Mots de la Rive